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La velue de La Ferté-Bernard

mercredi 2 novembre 2011

Aux bords de l’Huisne, rivière d’apparence tranquille, maraudait durant le Moyen Âge la Velue. Cet animal aurait survécu au Déluge, sans être recueilli dans l’Arche. Elle était de la taille d’un taureau ; elle avait une tête de serpent, un corps sphérique couvert d’un pelage vert, armé d’aiguillons dont la piqûre était mortelle. Les pattes étaient très larges, semblables à celles de la tortue ; avec la queue, en forme de serpent, elle pouvait tuer les hommes et les animaux. Quand elle se mettait en colère, elle lançait des flammes qui détruisaient les récoltes. De nuit, elle saccageait les étables. Quand les paysans la poursuivaient, elle se cachait dans les eaux de l’Huisne qu’elle faisait déborder, inondant toute la région.

Elle préférait dévorer les êtres innocents, les jeunes filles et les enfants. Elle choisissait la plus vertueuse jeune fille, celle qu’on appelait l’Agnelle. Un jour, elle ravit une agnelle et elle la traîna déchirée et sanglante jusqu’au lit de l’Huisne. Le fiancé de la victime coupa avec une épée la queue de la Velue, qui était son seul endroit vulnérable. Le monstre mourut immédiatement. On l’embauma et on fêta sa mort avec des tambours, des fifres et des danses.

JORGE LUIS BORGES – LE LIVRE DES ÊTRES IMAGINAIRES

 

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