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Vidéo sur le web (pratiques pas forcément légales)

lundi 21 novembre 2016

En complément du support sur l’offre légale vidéo, voici un recensement non-exhaustif des pratiques - pas toujours légales - mais abondamment répandues, permettant de consommer des films, séries et autres clip sur son PC.

Ce support ne vise pas à encourager les dites pratiques.

L’objectif central étant plutôt de présenter, dans un premier temps, quelques repères historiques et techniques (sans rentrer dans le détail) ainsi que les principales problématiques de fond qui leur sont associées puis, dans un second temps, de passer en revue de façon très synthétiques en quoi consiste les 3 principales pratiques utilisées.

Repères

Nous sommes tous passés par là : copier-coller est l’une des premières choses que l’on apprend à faire sur un ordinateur (par exemple, ici-même).

Il n’est pas nécessaire de donner de longues explications sur l’utilité du copier-coller : au nom de quoi devrait-on se priver de la possibilité d’éviter de perdre du temps à refaire ce qui a déjà été fait, surtout si la procédure est standardisée, facile à mettre en œuvre, quel que soit le programme ou le système d’exploitation ?

La remarque vaut plus généralement, au-delà du simple copier-coller, pour les différentes formes de copie de données numériques. Ne serait-ce que pour assurer la sauvegarde, il est nécessaire que l’on puisse se reposer sur des moyens permettant de faire automatiquement des copies fiables, sans limitation et sans aucune déperdition par rapport aux données d’origine.

Autant de caractéristiques qui font que « l’ère numérique » représente une séquence historique réellement nouvelle.

Ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes d’adaptation. Par exemple, la copie numérique permet les conditions d’une économie d’abondance alors que les logiques de marché, auxquelles obéissent les industries des biens de consommation culturels, sont encore basées sur la rareté et le contrôle des circuits de distribution.

Les années 1990, marquées par la généralisation des supports numériques dans l’industrie culturelle et la pratique massive d’internet ne pouvait qu’entraîner une modification profonde des pratiques et des usages des biens de consommation culturels.

Rapidement, les pratiques de copie et de partage de musiques et de films (parmi d’autres types de données) se sont mises en place sur le web, mais aussi dans les foyers, les collèges, les universités, les bars, les entreprises…

Diverses protocoles ou plateformes en ligne se sont constituées afin de faciliter le partager des œuvres numériques sur le web, plaçant le plus souvent leurs utilisateurs en infraction avec la réglementation sur le droit d’auteur ou le copyright, car la plupart de ces œuvres échangées - tirées du catalogue industriel grand public – ne sont pas mises à disposition sous une licence permettant le partage, la modification et la copie (ceci étant, par contre, possible avec un logiciel libre ou une œuvre mise sous creative commons).

La généralisation de ces pratiques de partage – le plus souvent vécues sans grand complexe ni culpabilité – a entraîné la réaction des industries s’estimant lésées par ces copies illégales : ceux-là même qui avaient commercialisé les œuvres numériques, ainsi que les organisations représentant les ayant-droits.

Ces acteurs se sont systématiquement réfugiés dans une guerre de tranchée, refusant d’admettre que leurs logiques et leurs modèles économiques n’étaient plus adaptées à leur temps et laissant croire qu’il serait possible d’imposer l’abandon de pratiques de partage pourtant largement installées depuis plusieurs années, par les moyens légaux de l’intimidation et de la répression.

La défense de leurs intérêts s’est organisée autour de deux principaux axes :

 La mise en place de procédures techniques « anti-copie », lesquelles sont le plus souvent contournées, quand elles ne sont pas abandonnées car elle représentent plus d’inconvénients que d’avantage au maintien du business.

 Une très active intervention de lobbying auprès des représentants politiques, à l’échelle des États et de la CEE afin que soient promulguées des lois, des réglementations et des dispositifs permettant de maintenir le statu quo.

De l’autre côté, la résistance s’organise. Sans constituer une unité de point de vue aussi cohérente celle que leur contradicteurs, des communautés d’internautes affirment le droit au partage, arguant qu’il est nécessaire d’actualiser le droit d’auteur, à l’ère du numérique.

Plusieurs étapes ont marqué ce qui ressemble désormais à un véritable serpent de mer, dont voici quelques repères :

 1999 : Apparition de Napster première plateforme de partage de fichier qui a surtout concerné l’échange de musique au format MP3. La problématique s’est ensuite déplacée essentiellement sur le terrain des productions vidéo (contrairement à ces dernières, les pratiques liées à l’écoute de la musique semblent en voie de normalisation, d’un point de vue légal, en tout cas).

 2002 : Mise en place des licences Creative Commonns permettant aux auteurs de partager leurs œuvres en toute légalité.

 2003 : Apparition The Pirate Bay, moteur de recherche permettant le partage via le protocole de P2P BitTorrent Ce moteur, subit périodiquement des interventions de police qui l’oblige à cesser ses activité mais réapparaît souvent quelques mois après, tel Phénix (pour mener, accessoirement son petit business, lui aussi). Je vous recommande de voir cette vidéo diffusée par Arte sur TPB

 2005 : Création de Megaupload, serveur de partage de fichiers centralisé,mené tambour battant par son tonitruant big-beauf-boss, alias Kim Dotcom. Le site a été fermé de façon spectaculaire en 2012.

 2008 : Création de la Quadrature du Net, association basée en France ayant pour objet notamment de défendre un « Internet libre et ouvert », ce qui le conduit à mener, notamment, des actions visant à l’évolution du doit d’auteur. Lire, à ce sujet, le texte de Philippe Aigrain Éléments pour la réforme du droit d’auteur et des politiques culturelles liées

 2010 : Mise en place de l’Hadopi, institution chargée de combattre l’échange de fichiers par les protocoles pair à pair (P2P)

 2014 : Apparition de Popcorn Time, logiciel P2P spécialisé sur la recherche et la lecture de contenu vidéo en streaming

 2015 : Publication du rapport de Julia Reda, membre du parti Pirate allemand, pour une mise à jour de la législation et plus d’harmonisation du droit d’auteur en Europe.

Affaire à suivre

Protocoles P2P

Le protocole de partage de fichier pair à pair (P2P), en l’occurrence, BitTorrent, a été ciblé par Hadopi comme étant la principale méthode utilisée par les « pirates » pour partager les vidéos, séries ou programmes protégés par Copyright.

Il est incontestable qu’à l’époque où Hadopi a été créée, le P2P rencontrait un vif succès auprès d’une grande quantité d’internautes amateurs de vidéos mais il serait très réducteur de ne s’en tenir qu’à cette vision : le P2P est aussi utilisé aussi par des personnes qui ne se limitent pas à lancer leur logiciel BitTorrent pour télécharger des blockbusters à gogo ou la saison complète de la dernière série à la mode. Par exemple, c’est la solution la plus adaptée pour récupérer un gros fichier d’installation de système d’exploitation Linux.

Quelle que soit la nature des fichiers téléchargés, l’usage d’un protocole P2P sera toujours plus adapté à l’architecture d’internet que le téléchargement direct depuis un seul serveur, car avec le P2P la charge de téléchargement est répartie entre plusieurs points et après avoir récupéré votre fichier vous devenez vous-même serveur pour les ceux qui veulent télécharger ce fichier.

Pour en savoir plus sur BitTorrent : à propos de BitTorrent (vieux support maison)

Téléchargement direct et Streaming

La forte publicité qui a été donnée à la mise en place de l’Hadopi a eu pour effet de provoquer l’abandon du protocole P2P par une bonne partie de ceux qui l’utilisaient uniquement pour télécharger vidéos, musique et programmes (propriétaires) crackés.

Mais contrairement à ce qu’attendaient le camp du « respect de la loi », la désertion du P2P, liée à Hadopi, n’a nullement entraîné l’arrêt du partage et du piratage.

Les « pirates » se sont tout simplement déportés vers d’autres solutions, notamment celles qui représentent d’un point de vue technique une régression par rapport au P2P : le téléchargement direct et le streaming.

 Le téléchargement direct, comme le nom l’indique, permet tout simplement de récupérer les fichiers vidéo depuis un seul serveur, après avoir cliqué sur un lien. La vidéo ne sera visible qu’après récupération de l’intégralité du fichier. On pourra consulter le fichier sur le lecteur de son choix (sans même qu’il soit obligé d’être connecté au web).

 Le streaming, contrairement au téléchargement direct, permet de voir la vidéo à partir de son navigateur web. Dans ce cas, le contenu est diffusé en flux continu. Il n’est pas nécessaire d’avoir chargé la totalité de la vidéo pour commencer à voir les images. Le plus souvent, les sites de streaming nécessitent que l’on ai installé (et mis à jour) le plugin Flash (technologie obsolète et propriétaire).

La plupart des sites de téléchargement direct et de streaming regorgent de processus intrusifs qui n’ont rien à envier aux pires espaces mercantiles : publicités, mouchards, espions, etc.

La problématique du lien hypertexte

Outre la présence d’un moteur de recherche intégré, la plupart des sites de téléchargement direct et de streaming ne se contentent que de recenser des listes de contenu (films, séries), le tout classé par catégories ou listes alphabétiques.

La page d’un contenu présente l’affiche du film ou de la série ainsi qu’un bref résumé et, le cas échéant, les avis d’internautes. Le visiteur n’a plus qu’à choisir un lien, parmi d’autres, afin d’accéder à la vidéo.

Les vidéos sont disséminées sur une multitude d’autres serveurs, le plus souvent dans des pays moins pointilleux avec le respect des intérêts des ayants droits et de l’industrie du spectacle que ne peuvent l’être la CEE ou les USA.

Cette particularité de l’accès au contenu par liens hypertextes fait qu’il est probablement assez difficile, en l’état, d’interdire les sites de téléchargement direct ou de streaming (surtout s’ils passent leurs temps à circuler sur le web).

Le statut du lien hypertexte est, depuis plusieurs années, mis à rude épreuve. On aimerait bien mettre un peu plus de réglementation juridique là-dedans ; ne plus donner avec autant de facilité l’autorisation de passer sur son navigateur d’une page à une autre par simple clic.

Des tensions sont apparues à ce sujet notamment entre les agrégateurs de contenu et les moteurs de recherche d’une part et les éditeurs de presse d’autre part. Mais il semblerait aussi que la généralisation d’accès par liens hypertexte à des vidéos piratées soit une autre raison de l’emballement des autorités à vouloir réglementer la procédure du lien hypertexte.

Lire à ce sujet :

 Cet article de Scinfolex.com

 Ce communiqué de la Quadrature du net à propos d’une décision de la Cours de Justice Européenne concernant le statut juridique des liens hypertextes

 

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